L’insertion des jeunes par l’emploi est un sujet majeur à l’heure de la crise sanitaire et économique.
La génération Z, en quête de sens et d’un avenir professionnel, se débat dans une société en profonde mutation. Services publics, associations… Qui sont aujourd’hui les acteurs de l’insertion par l’emploi ? Comment communiquer avec les jeunes sur les dispositifs mis à leur disposition ?
Les enjeux et dispositifs de l’insertion des jeunes par l’emploi
Les conséquences de la crise sur l’insertion des jeunes
La crise sanitaire a pesé lourd sur l’ensemble des générations. Les jeunes ont subi de plein fouet les conséquences de la pandémie : augmentation du taux de chômage, cours à distance, modifications des modalités d’examen, difficultés pour trouver un stage ou une alternance…
Selon une étude datant de décembre 2020, 1 jeune sur 6 a arrêté ses études durant la crise. Cette interruption de cursus scolaire a creusé les inégalités sociales, avec un fort impact sur les élèves en difficulté ou en situation de handicap. 2020 a connu une baisse de 40 % des offres d’emploi accessibles aux jeunes diplômés. Les contrats courts, occupés pour un quart par cette tranche d’âge, ont été les principales victimes de cette crise.
1 jeune, 1 solution, mesure phare du gouvernement
C’est pour freiner ce phénomène que le gouvernement a lancé en juillet 2020 le plan « 1 jeune, 1 solution ». 7 milliards d’euros ont été mis sur la table, soit le triple des moyens alloués à la jeunesse. Un dispositif qui s’adresse aux jeunes, avec un renforcement des mesures d’accompagnement, de formation et d’insertion professionnelle, mais aussi aux entreprises. Ces dernières ont bénéficié de primes à l’embauche et d’aides pour l’accueil de contrats d’apprentissage ou de professionnalisation.
Le dispositif « 1 jeune, 1 solution » s’articule autour d’une plateforme et d’une campagne de communication à grande échelle. L’objectif, selon le Ministère de l’Emploi, du Travail et de l’Insertion, est double :
- que chaque jeune sache que des solutions existent et sont accessibles ;
- que chaque entreprise rejoigne cette grande mobilisation et fasse connaître en quelques clics ses engagements pour l’emploi des jeunes.
Un an après la mise en place de ce grand plan pour la jeunesse, il aurait permis de créer 60 000 emplois chez les 22-25 ans. Dans la continuité de ce dispositif, l’opération « 1 jeune, 1 mentor » permettra à 100 000 jeunes d’être suivi par des mentors d’ici à la fin 2021.
Les structures d’insertion professionnelle en France
En France, l’insertion des jeunes par l’emploi est assurée en partie par les services publics, avec des acteurs tels que Pôle Emploi ou les structures jeunesse telles que les CIO (Centres d’Information et d’Orientation), les SCUIO (Services Communs Universitaires d’Information et d’Orientation) ou le réseau Info Jeunesse. Les missions locales, qui mettent en œuvre les programmes de l’État, couvrent tout le territoire, avec 436 établissements au service des 16-25 ans. Les EPIDE (Établissements Pour l’Insertion Dans l’Emploi), inspirées du modèle militaire, assurent quant à elles le suivi de jeunes décrocheurs scolaires, en proie au chômage et aux difficultés sociales. Elles impliquent un fort engagement des jeunes avec des contrats de 8 mois minimum.
Les associations jouent également un rôle majeur sur le territoire. Elles détectent les besoins sociaux émergents et travaillent majoritairement au niveau local. De grandes associations nationales sont engagées pour l’insertion professionnelle des jeunes. Citons par exemple le réseau des E2C (Écoles de la 2ᵉ Chance), qui offre des parcours d’accompagnement et de formation individualisés dans 135 sites-écoles en France. La fondation des apprentis d’Auteuil œuvre, elle aussi, en faveur de l’insertion économique des 16-30 ans en situation de vulnérabilité.
Communiquer avec les jeunes, un défi pour les structures d’insertion par l’emploi
La génération Z, un public complexe
S’adresser aux jeunes adultes, qu’on appelle la génération Z (nés entre 1996 et 2009), n’est pas chose aisée pour les structures d’insertion par l’emploi. Ce public ultra connecté, possède ses propres codes et sa propre vision du monde. Les jeunes adultes évoluent dans une société en plein bouleversement et sont une génération en quête de sens, dans le rejet de l’autorité verticale. Conscients des enjeux environnementaux, ils aspirent à changer le monde de manière positive et défendre des causes avec un engagement marqué dans leur travail ou sur les réseaux sociaux.
Les codes ont aussi évolué pour le marketing. Les 16-25 ans, peu réceptifs à la publicité traditionnelle, sont sensibles aux contenus rapides et efficaces. S’ils privilégient les stories, c’est parce qu’elles sont dynamiques et éphémères. Le format vidéo est également plébiscité par cette génération qui cherche à élargir ses connaissances et acquérir des compétences, notamment sur YouTube. Cette idée d’immédiateté, associée à une démarche durable, dresse le portrait d’une jeunesse à la fois engagée et autocentrée.
Réseaux sociaux et média vidéo
Quand on pense aux ados, on pense très vite aux réseaux sociaux. Snapchat, qui cible les 15-22 ans et Tik Tok, accessible dès l’âge de 13 ans, sont les chouchous des jeunes. Instagram a aussi la cote auprès des jeunes adultes, avec néanmoins un public plus large. Ces 3 applications misent sur la créativité de leurs utilisateurs et sur l’interconnexion, avec des outils similaires : vidéos courtes « reels », filtres, stories, etc.
Pôle Emploi s’est emparé il y a peu du phénomène en lançant une plateforme baptisée #Missionemploi sur le réseau Tik Tok. Un espace de ressources qui accompagne les jeunes internautes dans leurs démarches d’insertion, via l’emploi ou la formation. Depuis ce portail, on accède à des conseils et astuces en vidéos, élaborés par Pôle emploi : « Trois conseils pour optimiser son CV », « Les cinq secteurs qui recrutent le plus »… En plus de ces contenus dynamiques, la communauté TikTok était invitée durant une semaine à produire des vidéos lors d’un challenge autour du hashtag #Missionemploi.
Influenceurs et ambassadeurs pour toucher le public jeune
Le marketing d’influence est très efficace chez les jeunes, qui s’identifient à leurs personnalités favorites. Les influenceurs, qui rassemblent parfois une communauté de milliers de followers, sont un puissant vecteur de communication grâce à leur proximité avec le public. Les structures d’insertion par l’emploi l’ont bien compris ! Les EPIDE, notamment, proposent à des célébrités de devenir le mentor d’une jeune volontaire. Un bon moyen de se faire connaître autrement.
L’an passé, c’est le réseau des E2C qui a utilisé ce créneau avec une rencontre entre le Youtubeur Inshape et les stagiaires d’une des écoles située à Nantes. L’influenceur s’est plongé dans leur quotidien lors d’une journée en immersion. Une rencontre enrichissante qui a débouché sur la réalisation d’une vidéo, vue par plus d’1 250 000 internautes ! Qui a dit que les campagnes d’influence étaient réservées à l’économie marchande ?
Le mot de la fin
Pour capter le public jeune, les structures d’insertion par l’emploi doivent se réinventer et s’approprier les codes de la nouvelle génération. Formats courts et dynamiques, utiles et efficaces, qui prônent des valeurs sans être dans le blabla… Ce sont, entre autres, de bons moyens de communiquer avec les jeunes.